Des travailleurs japonais portent des exosquelettes pour continuer à travailler malgré un âge avancé

Au Japon, un pays connu pour son sérieux, sa persévérance et son ambition quand il s'agit de travail, des personnes âgées s'équipent maintenant d'exosquelettes pour répondre aux exigences physiques de leur emploi malgré leur âge, afin de rester le plus longtemps possible dans le marché de l'emploi.
28% : c'est le taux record de personnes âgées de 65 ans ou plus au Japon, un pays qui vieillit rapidement. Cette situation a entraîné une pénurie de main-d'œuvre, en particulier dans les secteurs du travail manuel comme la construction, la fabrication et l'agriculture.
Pour encourager les personnes âgées à rester dans ces industries ou à s'y intégrer, plusieurs entreprises de technologie japonaises ont mis au point des combinaisons de type exosquelette, qui facilitent le transport d'objets lourds.
« Nous n'avons pas le choix - les personnes âgées doivent pouvoir conserver leur travail », déclare Daigo Orihara de chez Innophys, qui a conçu un modèle de combinaison assistée appelé Every Muscle Suit.
Un exosquelette qui ne nécessite aucun apport d'énergie externe
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La combinaison, qui se porte comme un sac à dos, ne contient pas de batteries ni de moteurs et pèse moins de 4 kg. Lorsque l'utilisateur la porte, il appuie 30 fois sur une pompe à main pour remplir les "muscles artificiels" de la combinaison avec de l'air comprimé. Une fois gonflés, les muscles artificiels permettent aux travailleurs de soulever jusqu'à 25 kg sans effort, explique Orihara. Ils ne doivent être regonflés avec la pompe à main qu'une fois par jour, ou tous les deux jours.
Depuis sa commercialisation en avril 2018, Innophys a déjà vendu 4000 combinaisons (au prix d'environ 1200 € l'une). Elles sont actuellement utilisées par l'une des plus grandes compagnies de whisky du Japon (pour aider les travailleurs à soulever les barils), par des centres de soins infirmiers (pour aider le personnel à soulever les résidents dans et hors du lit), ainsi que par des fabricants alimentaires et des entreprises de construction. Les personnes âgées ont affirmé à l'entreprise que les costumes leur ont permis de travailler plus longtemps, selon Orihara.
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« L'un des clients est une entreprise familiale qui fabrique et vend du radis décapé, et utilise de lourdes charges dans le processus de production », précise-t-il. « Le père est dans la soixantaine et devait normalement prendre sa retraite, mais il travaille toujours avec notre combinaison musculaire ».
Le Japon n'en est pas à son premier coup d'essai en matière d'exosquelettes
Panasonic développe également une gamme de combinaisons exosquelette. Son modèle phare (le modèle Y de l'Atoun) a été mis en vente en juillet 2018 au prix de 5000 € et est mis en mouvement par des moteurs électriques (au lieu d'air comprimé). Il possède une autonomie de 8 heures, pèse 4.5 kg et génère une force d'assistance de 10 kg.
De même, la société japonaise JTEKT, qui fait partie du groupe Toyota, a commercialisé un exosquelette motorisé pour le levage d'objets lourds en août 2018. Selon elle, le dispositif est spécialement conçu pour aider la "main-d'œuvre vieillissante".
Au sein du pays, la demande en exosquelettes est susceptible d'augmenter, car le Japon est contraint de relever l'âge de la retraite pour faire face à la pénurie de travailleurs.
Plus tôt cette année, le premier ministre, Shinzo Abe, a déclaré lors d'une réunion du Conseil japonais de l'investissement pour l'avenir, que l'âge habituel de la retraite fixé par les entreprises devrait être relevé de 60 à 70 ans, et que son gouvernement pourrait envisager de l'appliquer comme loi. « Je souhaite que les personnes âgées en bonne santé et désireuses d'utiliser leur expérience et leur sagesse dans la société, puissent le faire », a-t-il déclaré.
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