À quel point le vapotage est-il mauvais pour la santé ?

À quel point le vapotage est-il mauvais pour la santé ?

Le vapotage, une habitude de plus en plus répandue, suscite un vif débat quant à ses répercussions sur la santé. Nous avons donc décidé d'explorer les aspects variés de cette pratique, en nous appuyant sur des études et des rapports scientifiques pour éclairer ses potentiels dangers. Malgré un manque évident d'études, surtout face à une telle mode, force est de constater qu'enfin, les premiers éléments de réponses pointent le bout de leur nez.

Introduites en Chine en 2004, ce sont les e-cigarettes modernes qui ont réellement révélé le vapotage au grand public. Elles ont ensuite connu une adoption rapide en Occident. Aux États-Unis et au Royaume-Uni, environ 7,5 % de la population pratique le vapotage, avec une popularité croissante chez les jeunes.

En France, en 2022, 7,3% des 18-75 ans déclaraient vapoter, dont 5,5% quotidiennement. Une adoption en hausse par rapport à 2019. La même année (2019), 27,5 % des lycéens américains vapotaient, tandis qu'au Royaume-Uni, l'expérimentation du vapotage chez les jeunes de 11 à 17 ans a augmenté de 50 % en un an, malgré les restrictions légales.

Le mécanisme derrière l'addiction

Les cigarettes électroniques chauffent ce que l'on appelle le e-liquide, contenant généralement de la nicotine, des arômes et des solvants — comme le propylène glycol et la glycérine. Ce processus génère un aérosol, inhalé par l'utilisateur. Bien que souvent perçues comme moins dangereuses que les cigarettes traditionnelles, car il n'y a pas de combustion, les substances émises par le vapotage ne sont pas sans risques.

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Effets à court terme

Les ingrédients des e-liquides, notamment la nicotine, peuvent notamment causer une surstimulation du système nerveux, augmentant le rythme cardiaque et la pression artérielle. Les solvants quant à eux peuvent irriter les voies respiratoires, entraînant toux, maux de gorge et une diminution de la fonction pulmonaire. Les risques immédiats incluent également une exposition aux substances toxiques telles que l'acétaldéhyde, l'acroléine et le formaldéhyde, qui peuvent causer des maladies pulmonaires et cardiovasculaires plus sérieuses, bien que cela reste relativement rare.

Les solvants (le propylène glycol et la glycérine végétale généralement) sont, l’une ou l’autre, utilisées dans tout e-liquide. Certains cas isolés de défaillance pulmonaire ont été rapportés. Ils auraient pu être induits par la viscosité apportée par ces dernières (provoquant une réaction immunitaire ou une infection bactérienne chez les patients en question). Cependant, les rapports sont cliniques et plutôt flous pour certains. L’un de ces documents par exemple, avance l’hypothèse d’une pneumonie lipoïde (induite par un lipide/inhalation d’un produit visqueux). « La seule source de lipides était la glycérine végétale contenue dans les e-cigarettes. Malgré notre conseil d’arrêter le vapotage, elle a continué à utiliser des e-cigarettes de différents arômes et ses paramètres cliniques et spirométriques ne se sont pas améliorés », ont écrit les médecins dans leur rapport, publié dans le National Library of Medicine.

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La nocivité peut également dépendre de la qualité et du type de e-liquide utilisé. © Unsplash/ Trust My Science

Effets à long terme

Les effets à long terme du vapotage sont les plus incertains, ce qui est logique étant donné la fraîcheur de cette pratique. Des études sur des animaux suggèrent un risque accru de dommages à l'ADN et de cancer, mais la correspondance avec les risques humains est encore floue. L'inhalation de métaux lourds (libérés généralement par la résistance, qui chauffe le e-liquide) et de certains produits chimiques pouvant se montrer toxiques (même en quantités plus faibles que dans la fumée de cigarette), pourrait également présenter des dangers pour la santé à long terme.

Vapotage : une méthode efficace pour arrêter de fumer ?

Le vapotage est souvent présenté comme un moyen de sevrage tabagique révolutionnaire. Selon une étude, le passage à la cigarette électronique augmente considérablement les chances de mener à bien un sevrage tabagique. Néanmoins, cette méthode n'est pas exempte de risques, notamment en raison de la dépendance à la nicotine et de l'exposition à d'autres substances nocives, dont certaines pour lesquelles les effets à long terme ne sont pas connus. Il convient également de se méfier des cigarettes électroniques jetables, qui souvent comportent des taux de nicotine très élevés. Ces dernières sont donc fortement addictives et sont à éviter.

Une porte d'entrée vers le tabagisme ?

Une préoccupation majeure est de savoir si le vapotage chez les jeunes peut les conduire au tabagisme. Bien que certaines études montrent une corrélation entre le vapotage et une probabilité accrue de fumer par la suite, la causalité n'est pas clairement établie.

« Parmi les adolescents n'ayant jamais fumé de cigarettes, ceux qui avaient déjà utilisé des e-cigarettes au départ, par rapport à ceux qui n'avaient jamais utilisé d'e-cigarettes, présentaient des augmentations modestes ou non significatives du tabagisme ultérieur au cours des 12 derniers mois ou des 30 derniers jours », conclut notamment de façon relativement floue une étude de 2021. Il est donc crucial de poursuivre les recherches pour comprendre pleinement cette dynamique.

Les dangers spécifiques aux ados

Les adolescents sont quant à eux particulièrement vulnérables aux dangers du vapotage. En effet, n'oublions pas que la nicotine affecte tout de même le développement cérébral. Sans compter que, comme déjà mentionné, les arômes et stabilisants visqueux contenus dans les e-liquides peuvent dans certains cas provoquer une infection ou une inflammation pulmonaire, comme le montrent plusieurs rapports du NIH. De plus, les adolescents expérimentent souvent des substances additionnelles comme le cannabis et les huiles de CBD, augmentant ainsi les risques pour la santé (étant donné que les effets de leur inhalation sont moins étudiés que ceux d'autres substances).

Il est donc essentiel d'informer les jeunes sur les risques du vapotage et d'encourager des programmes d'éducation et de prévention. Les professionnels de la santé devraient entre autres intégrer le vapotage dans leurs interrogatoires sur les habitudes de vie des patients, afin de mieux cerner et traiter les risques associés.

La nécessité d'une approche équilibrée

En résumé, le vapotage, bien qu'il puisse offrir une alternative au tabagisme traditionnel, n'est pas sans risques. Le manque d'information étant déjà un risque en soit... Il est impératif de poursuivre les recherches pour mieux comprendre ses effets à long terme. Son utilisation pour le sevrage cependant, semble judicieuse, d'autant plus qu'elle semble déjà porter ses fruits. En effet, de nombreux fumeurs rapportent avoir réussi leur sevrage grâce au vapotage.

Autre point important : la sensibilisation du public, surtout des jeunes, à ses dangers potentiels. La clé pour bien évaluer les bénéfices et les risques du vapotage au milieu de ces incertitudes : adopter une approche équilibrée et informée, en se tenant régulièrement à jour sur les dernières études.

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