Sport après un cancer : mieux que les médicaments ?

Une étude rigoureuse bouscule les certitudes : l’exercice post-cancer, plus efficace que les médicaments ?

Sport après un cancer : mieux que les médicaments ?
© The Last Journal

« L’exercice peut réduire d’un tiers le risque de mourir d’un cancer, empêcher les tumeurs de récidiver et s’avère même plus efficace que les médicaments ». Cette introduction choc du Guardian, publiée le 1er juin 2025, fait écho aux résultats d’un essai clinique international présentés à Chicago. Le message est prometteur : après un cancer, bouger vaudrait mieux que n’importe quelle pilule pour éviter les rechutes. Mais que disent vraiment les données scientifiques derrière ces manchettes ? Décryptage d’une étude qui se veut pionnière – et de l’enthousiasme médiatique qu’elle suscite.

L’annonce a de quoi retenir l’attention : lors du congrès annuel de l’American Society of Clinical Oncology (ASCO) début juin 2025, des chercheurs ont dévoilé le premier essai randomisé démontrant qu’un programme d’activité physique après un traitement anticancéreux améliore (à lui seul) la survie des patients. Publiée dans le New England Journal of Medicine, l’étude portait sur 889 patients suivis pendant plus de 15 ans après un cancer du côlon traité par chirurgie et chimiothérapie.

La moitié d’entre eux ont bénéficié d’un programme d’exercices personnalisé sur 3 ans, encadré par un coach sportif, tandis que l’autre moitié recevait simplement des brochures de conseils sur le mode de vie. Les résultats sont sans appel : après 5 ans, le groupe “sport” présentait 28 % de récidives en moins (nouveau cancer ou retour de la maladie) par rapport au groupe témoin. Après 8 ans, l’avantage s’est encore creusé avec 37  % de décès en moins dans le groupe actif.

Ces chiffres spectaculaires ont été largement repris dans la presse. Le Guardian parle de « première preuve claire que l’exercice est même meilleur pour prévenir les rechutes et la mort que nombre de médicaments », citant la réaction enthousiaste du Dr Julie Gralow, directrice médicale de l’ASCO : « [la qualité de ses résultats était du] plus haut niveau de preuve [et conduirait] un changement majeur dans la compréhension de l’importance d’encourager l’activité physique pendant et après le traitement ».

D’autres médias soulignent que l’effet bénéfique de l’activité physique rivalise avec les nouveaux traitements anticancéreux, sans en avoir les effets toxiques ni le coût élevé. L’Associated Press évoque quant à elle « une nouvelle ordonnance pour les patients atteints de cancer du côlon : l’exercice » et rapporte l’étonnement des chercheurs eux-mêmes face à l’ampleur du bénéfice observé. En somme, le ton général est à la découverte majeure, voire au game changer en oncologie.

Pour autant, ce récit médiatique est-il sensationnaliste ou reflète-t-il fidèlement la portée de l’étude ?

Certes, les qualificatifs ne manquent pas – « essai révolutionnaire », « résultats incroyables »… – mais force est de reconnaître que même les experts les plus prudents abondent en superlatifs.

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